Ces quelques lignes sont inspirées du livre du Docteur Cadiergues (ancien Maire et historien de passion) intitulé :
"Histoire de la seigneurie de La Capelle-Merlival, depuis ses origines jusqu'en 1789"
ainsi que les informations contenues dans le livre du Docteur Jacques Labat :
"Lacapelle-Marival, son château, ses seigneurs"
Nous remercierons l'ensemble de l'équipe de l'Association Art et Patrimoine, et tout particulièrement Roger Saur et Gérard Pechmalbec, qui participent activement aux recherches historiques et à la diffusion auprès de tous, de notre histoire.
Ces livres sont disponibles auprès de l'association Art et Patrimoine.
L'histoire de Lacapelle Marival peut se diviser en plusieurs périodes :
Lors de l'occupation romaine, une voie de communication aurait traversé la région de Lacapelle. Elle reliait Lyon à Bordeaux en passant par Clermont, Aurillac et Agen.
Le docteur Labat rapporte la légende de la Marie del Val. Ce nom serait celui d'une jeune bergère qui aurait été martyrisée par un groupe de sarrasins lors de leur retraite en 732 suite à leur défaite face à Charles Martel à la bataille de Poitiers. Une petite chapelle aurait été bâtie à cet endroit : la capelle de de la Marie del Val, dont les vestiges auraient été découverts en 1957.
Le nom du lieu varia au Moyen Age où l'on trouve la graphie Lacapelle-Merlival, peut être en raison du nom d'un ruisseau voisin, puis Lacapelle-Marival quand à la fin du XVIe siècle l'église gothique remplaça l'église romane et fut dédiée à la vierge Marie. Tous les ans, la fête votive à lieu le 15 août.
Bertrand III de Cardaillac, seigneur de Cardaillac, de La Capelle, de Bioule, St Cirq, se soumet aux Anglais, et devient sénéchal du roi d'Angleterre (Périgord / Limousin / Quercy). Son prestige est très grand, et son influence incontestée.
Il fonde un hôpital à Rudelle (legs aux églises). Dans son Testament en 1266 il partage sa fortune considérable entre ses trois fils :
Géraud Ier s'installe en 1270 à La Capelle, après la mort de son père, il fortifie et embellit la place. Géraud II a 6 enfants, dont Bertrand Ier, auquel le fils Bertrand II succède. Bertrand III, fils du précédent, rencontre des difficultés avec les Anglais dont il se sépare, devenant d'héroïques défenseurs de la patrie quercynoise et fidèles chevaliers du roi de France.
Dès le XIII° siècle, les Cardaillac accordent des franchises aux habitants de leurs terres.
1347 : les Anglais se sont emparés de Salviac, d'une grande partie du Causse et du Haut Quercy
1356 : les Anglais cherchent à s'emparer du fort de Cardaillac et de ses trois tours, puis la place prise ils s'emparent de Fons et de Camburat
1363 : le Prince de Galles vient prendre possession de Cahors
Soulèvement du Quercy, pillages et incendies (Rocamadour)
1390 : les Anglais s'emparent d'Anglars, La Capelle, le Bourg et Théminettes
-> les Anglais livrent les lieux contre une forte somme
-> les barons de Cardaillac combattent les Anglais avec acharnement, La Capelle est occupée quelques années mais Bertrant III parvint à se libérer.
En 1440, Guisberg de Cardaillac devient le seigneur de La Capelle. Il a 7 enfants, dont Astorg de Cardaillac (8 enfants).
Il encourage de nouvelles industries : deux verriers du Rouergue venus sous les instances de Guisberg, Bertrant Noguier et Jacob Colom ;
Il leur donne à cens un four, des terres où ils peuvent construire ce qu'ils veulent et tout le bois nécessaire à prendre dans les forêts alentours.
En 1470, Astorg, seigneurs de La Capelle, confirme les concessions aux verriers et leur impose de garnir le château de vitres, et de les entretenir ;
-> la Verrerie des frères Colom acquit rapidement une grande réputation et une fortune croissante, qui leur permet d'acheter de nombreuses terres et de gagner en importance.
-> Astorg attire des cultivateurs étrangers. L'agriculture progresse. Les propriétaires abandonnent des terres à leurs anciens serfs « baux à cerfs ».
De gueules aux lions d'argent, armé, lampassé, et couronné d'or, et aux treize besants d'argent en orle.
"toto noscuntur in orbe" qui signifie : "Ils sont connus du monde entier"
"Cardaillac, Cardaillac, Cardaillac"
Son fils Jacques sert François Ier et se fait remarquer par sa bravoure et son intrépidité.
A sa mort Antoine de Cardaillac hérite du château et des terres et épouse Victoire d'Aquino, fille d'honneur de Marie de Médicis (mariage à Paris en 1573, la Reine dotte sa suivante d'une forte somme d'argent)
Les seigneurs de Lacapelle défendent avec ardeur le catholicisme. A contrario, Hector de Cardaillac, branche de St Cirq Lapopie, se convertit au calvinisme et introduit cette doctrine à Cardaillac et Latronquière. De nombreuses luttes voient le jour. Malgré, l'Edit de pacification en 1563, les Protestants reprennent les armes, prennent St Céré et s'en prennent à Figeac. Toutefois, les habitants sont sur leurs gardes et contraints de se réfugier à Capdenac.
En 1574, les réformés s'unissent et reprennent St Céré.
C'est une période de massacre et d'intolérance, les minorités catholiques ou protestantes fuient dans les villes où leur religion est dominante. Ainsi, Cardaillac, asile réformé et Lacapelle reste catholique.
Selon Antoine de Cardaillac, sénéchal du Quercy, l'état de la région est déplorable.
1576, prise de Figeac par les réformés (jusqu'en 1622).
Antoine a trois fils : François, Louis et Jean
François épouse en 1595 Madeleine de Bourbon Malauze (fille d'un chambellan du roi de France). Ils auront 18 enfants, dont 12 survivent à leurs parents.
Il reprend Fons aux protestants. Le Duc de Sully et le Comte d'Orval mettent le siège de Fons, mais ne parviennent pas à la reprendre. Néanmoins, en 1622, François meurt grièvement blessé le lendemain du combat. Il est enterré à l'église de Lacapelle lors de grandes funérailles . Il sera vengé par son fils Henri-Victor.
Désirant plus qu'une simple vie dans leur demeure de province, Henri-Victor passe la plus grande partie de sa vie à la cour de Louis XIV (régence)
1624 : il épouse Elizabeth de Pluvinel
Le bourg de Lacapelle : 70 maisons + péage à Lacapelle et à Rudelle.
15 mai 1645, la seigneurie est élevée au rang de Marquisat sur la demande d'Henri-Victor (l'année suivante, idem pour les autres baronnies de Cardaillac)
1652, Henri-Victor nommé maréchal de camp de ses armées.
De son union avec Elizabeth : 3 garçons et 5 filles, dont les deux premiers fils décèdent, toute l'affection se reportant sur le troisième, Thomas Jean-Baptiste.
Sa mère lui avait fait donation de ses biens, contre une pension annuelle. Son père l'émancipe et lui abandonne tous ses biens pour faire un mariage avantageux, à la seule condition, que son fils l'entretienne (valets et chevaux) et qu'il dote ses soeurs.
Thomas Jean-Baptiste ne respecte pas ces accords
En 1661, Henri-Victor et son gendre font le siège du château - (dégâts dans les localités avoisinantes). Ils sont obligés de cesser le siège sous peine d'amende par la cour. Henri Victor meurt la même année. A sa mort, Elizabeth s'est réfugiée à Anglars.
En 1663, Elizabeth fait saisir les biens de son fils qui ne payait pas les termes de la pension.
Il s'ensuit de nombreux troubles et émeutes, ainsi qu'un fort mécontentement de la population.
Un second siège, est mené par le Sieur de Colombié, allié de Thomas Jean Batiste.
En représailles Elizabeth fait assiéger le château de la Rauze, appartenant au Sieur de Colombié.
En 1673, Thomas Jean-Baptiste épouse Paule de Pardaillan Gondrin, qui lui apporte une forte dote dont l'essentiel sert à payer sa mère, ses soeurs et ses créanciers.
Fin XVIIe, les habitants souffrent de ces violences, d'autant plus que la marquise a fait saisir les rentes des villages et que Thomas Jean-Baptiste en exigeait lui aussi le paiement : les villageois payèrent donc deux fois les impôts !
En 1679, elle saisit une nouvelle fois les rentes des villages alentours car Thomas Jean Baptiste ne l'a toujours pas payée. Elle fait même venir des huissiers de Toulouse, avec escorte, pour obtenir son dû...
A sa mort Elizabeth de Pluvinel institue François de Corn (Anglars) comme légataire universel. Les filles d'Elizabeth s'en mêlent, François de Corn renonce à l'héritage.
Thomas Jean-Baptiste meurt la même année que sa mère, en 1693, sans enfant. Son épouse est son légataire universel. Paule de Pardaillan Gondrin vit seule au château, en proie aux discordes avec ses belles soeurs.
Elle meurt en 1719, lègue ses biens au comte de Gondrin, et ceux de son mari à Bertrant de Cardaillac, de la branche de Sérignac.
Fin XVIIe, ruine de l'hôpital de Rudelle, fondé en 1266.
... et tente de mettre de l'ordre, et ce malgré des dettes considérables.
Il avait épousé Françoise de Corn (Anglars), sans avoir d'enfant mâle.
Son frère Thomas Jean-Baptiste II hérite en 1727.
Il vend en 1732 le domaine au seigneur de la Devèze, maréchal de camp de l'armée du roi.
Le maréchal de la Devèze, qui vivait à Paris, meurt en 1742 (sans testament)
Son petit fils Joseph de Vareix, chevalier de Saint Louis, lieutenant du roi, commandant de Figeac, envoie Emmanuel de Cardaillac de Trayne voir le Château (mais il ne peut y entrer pour faire l'inventaire)
Joseph vient se fixer à Lacapelle, non sans soulever une certaine inquiétude des habitants : les premiers seigneurs de Lacapelle étaient généreux.
Mais Joseph veut renouveler les contrats passés entre paysans et seigneurs de Cardaillac et remettre à jour des droits seigneuriaux tombés en désuétude.
Joseph de Vareix sévère, réclame des redevances qui datent du Moyen Age. Le mécontentement est à son paroxisme.
Joseph de Vareix meurt en octobre 1757, et est inhumé à Lacapelle.
Son frère l'abbé Louis de Vareix hérite à 81 ans. Il soutient les procès engagés par le défunt, et finit par gagner un procès très long qui coûte cher aux habitants, qui se voient contraints de payer des sommes considérables.
L'abbé de Vareix meurt en 1766, âgé de 91 ans.
Son neveu par alliance Alphonse Louis de Montet hérite (seigneur de la Molhière et baron du Mazet)
Lacarrière, bourgeois au début du XVIII°, achète un droit de noblesse et devient coseigneur de Cardaillac
Monseigneur de Vareix mécontent essaie d'éliminer Lacarrière de la coseigneurie mais n'y parvient pas avant sa mort.
François Emmanuel de Cardaillac de la Trayne son neveu, obtient le droit de prélation. Il acquiert une part de la coseigneurie moyennant finances.
Lacarrière fait recours (avocat) et conserve ses acquisitions, devenant coseigneur, mais sans pouvoir joindre son nom à celui des Cardaillac.
Paroisses (Lacapelle / St Maurice) : Chapelle romane à Saint Maurice
Chapelle bâtie dans enceinte du château, là où le rocher est le plus escarpé
En 1772, Saint Maurice se sépare de Lacapelle.
... où s'échangeaient des céréales et des noix du Limargue, des châtaignes du Ségala, des bovins, des moutons et des volailles. L'industrie resta modeste : les verriers du XVe avaient disparu et seule une tuilerie ainsi que deux moulins subsistaient près du Francès. De nombreuses auberges étaient liées au petit commerce. Des travaux routiers furent entrepris vers 1860 pour la déviation de l'actuelle D940 par Le Bourg.
Le couvent des Bénédictines de Notre-Dame-du-Calvaire s'installa à nouveau au bourg de Lacapelle en 1843 sur l'instigation de l'abbé Pierre Cadiergues. Les religieuses créèrent, au Château du Gallaup, une école de jeunes filles qui ferma en 1905. Avec l'aide de la population et de la municipalité, elles firent bâtir le monastère du Moutier Notre-Damedans lequel elles géraient une ferme. Leur nombre atteignit plus de 110 religieuses à la fin du XIXe siècle.
En 1879, l'orphelinat, créé en 1779, fut dirigé par les Soeurs de Saint Vincent de Paul.
La vie politique fut parfois agitée : le 5 août 1883, le député Louis Rozière fut agressé à coup de pied et reçu un coup d'arme blanche à l'arcade. Il soutenait Emile Laparra à l'élection du conseil général du 12 août 1883 et fut pris à parti par des partisans de Robert Fraysse, à cette époque maire de Lacapelle et candidat.
La commune resta rurale durant le XXe siècle. Une tentative d'exploitation des eaux thermales de la source du bois Bordet échoua au début du siècle.
Lors de la seconde Guerre mondiale, le 12 mai 1944, des éléments de la 2e division SS DASReich regroupèrent tous les hommes, de 16 à 60 ans sur la place du village. Soixante-treize furent arrêtés.